Prat AD_01

Récession gingivale : des signes à prendre au sérieux

La récession gingivale est la manifestation d’une perte de tissu gingival. Ce phénomène est progressif, et peut être localisé à une seule dent ou s’étendre à plusieurs. Sans traitement, les racines dentaires se retrouvent à nu et des problèmes plus graves peuvent apparaître. Il est important d’agir vite.

Comprendre et détecter la récession gingivale ?

La récession gingivale est une pathologie évolutive, et il n’est pas toujours facile de la détecter rapidement. Les premiers symptômes permettent de l’identifier, mais à un stade souvent déjà avancé.

Quels sont les symptômes de la récession gingivale ?

La symptomatologie liée à la récession gingivale est toujours identique. Outre la gencive qui se rétracte, découvrant les racines sur les faces externes des dents, on retrouve les signes suivants :

Impression de « dents longues »

La récession gingivale donne une impression de dents allongées par rapport à la normale. Ce qui n’est pas le cas, mais qui s’explique par la dénudation de la racine dentaire à la suite du retrait de la gencive au-delà de la couronne dentaire. Ce phénomène inesthétique gêne généralement beaucoup les patients atteints.

Sensibilité dentaire aux facteurs thermiques chauds et froids et au sucre

Ces sensibilités, qui font parfois penser, dans un premier temps, à la présence d’une carie, peuvent parfois aller jusqu’à la douleur. La racine, qui n’est plus protégée, devient poreuse, et les tubules dentinaires qui la parcourent provoquent une stimulation continue du nerf dentaire, voire des douleurs. 

Une démarcation visible

Comme la racine est mise à nu, la démarcation marquant la jonction couronne dentaire/racine apparaît, d’autant plus visible que ces deux parties ne présentent pas la même teinte. Le cément recouvrant la racine dentaire est en effet plus jaune que l’émail couvrant la couronne. Cette démarcation est parfois perceptible au toucher.

Quels sont les complications liées à la récession gingivale ?

Parallèlement à ces symptômes, la récession gingivale entraîne certaines complications :

  • La racine dénudée est davantage exposée à l’usure et aux caries ;
  • L’hygiène de la zone dénudée est rendue plus difficile car le brossage est parfois douloureux. La plaque dentaire risque de s’accumuler, créant des poches et une prolifération bactérienne ;

La ligne gingivale est modifiée, et son irrégularité crée un désordre esthétique.

Quelles sont les causes de la récession gingivale ?

Plusieurs facteurs peuvent concourir à l’apparition de la récession gingivale :

  • Une hygiène bucco-dentaire insuffisante : la plaque dentaire et le tartre s’accumulent au niveau de la jonction entre la dent et la gencive et provoquent une gingivite puis une maladie parodontale ;
  • Un brossage inadapté : s’il est effectué dans le sens horizontal, avec une brosse à dents trop dure ou en appuyant trop fort, le brossage endommage le tissu gingival ; 
  • L’existence d’une maladie parodontale (gingivite ou parodontite) : la récession gingivale est l’une des principales manifestations cliniques des atteintes du parodonte ; 
  • Une fragilité constitutionnelle de la gencive (gencive fine par exemple) ;
  • Certains traitements orthodontiques, lorsque la gencive est fine, essentiellement au niveau des dents antérieures inférieures ;
  •  Une malocclusion : une mauvaise façon de mordre peut endommager la gencive opposée ;
  • Des habitudes néfastes (se ronger les ongles) ;
  • Une insertion basse du frein labial, exerçant une traction sur la gencive ;
  • Le bruxisme, qui endommage les tissus de soutien des dents ; 
  • Des prothèses dentaires inadaptées ;
  • L’âge : le tissu gingival s’affine, se fragilise et perd de son élasticité. L’adhérence aux dents diminue ;

Le tabac et l’alcool.

Traitements et prévention de la récession gingivale

La récession gingivale est un phénomène irréversible car la gencive ne se répare pas. En revanche, des techniques existent pour freiner sa progression.

Techniques d’hygiène bucco-dentaire

La mise en place de mesures d’hygiène bucco-dentaire rigoureuses est l’un des premiers traitements appliqués :

  • Un brossage bi-quotidien, idéalement après chaque repas ;
  • L’utilisation d’une brosse souple à petite tête ;
  • Une technique de brossage efficace et non traumatisante (votre chirurgien-dentiste saura vous indiquer les bons gestes) ;
  • Un nettoyage quotidien des espaces interdentaires à l’aide de brossettes, de fil dentaire et d’un hydropulseur ;
  • L’utilisation d’un dentifrice fluoré et non agressif pour les gencives (non abrasif) ;

Un détartrage deux fois par an réalisé par votre chirurgien-dentiste : l’élimination du tartre sur les dents et sous la gencive limite les risques de maladie des gencives.

Traitement de la maladie parodontale face à la récession gingivale

Il est indispensable dans un premier temps de stopper l’évolution de la maladie. L’assainissement et la décontamination du parodonte constituent une étape nécessaire :

 Détartrage à l’aide d’instruments manuels et d’ultrasons, afin d’éliminer la plaque dentaire et le tartre des surfaces dentaires ;

Surfaçage : il s’agit d’éliminer le cément et la dentine infectés de la racine dentaire, puis de polir les racines afin d’éviter que le tartre ne se redépose.

En présence de poches peu profondes (jusqu’à 4mm), ces gestes, effectués régulièrement, suffisent à stopper la progression de la maladie. Si les poches sont plus profondes, votre chirurgien-dentiste peut vous prescrire des antibiotiques. Un traitement chirurgical est également possible afin d’éliminer les poches parodontales et de remodeler l’os, et faciliter ensuite le nettoyage.

Récession gingivale et prise en charge du bruxisme

Le port d’une gouttière occlusale, ou plan de libération occlusale, est souvent préconisé pour traiter cette dysfonction. Il s’agit d’un dispositif en résine, thermoformé et réalisé sur mesure, après empreinte de vos dents. Portée surtout la nuit, plus rarement dans la journée, la gouttière occlusale a pour objectif d’empêcher les dents de la mâchoire supérieure d’entrer en contact avec les dents de la mâchoire inférieure, supprimant ainsi les risques de serrements et grincements de dents. Cette méthode ne guérit pas du bruxisme mais soigne ses effets.

Le biofeedback est une technique qui repose sur le principe suivant : le patient atteint peut être « programmé » pour contrôler les mouvements néfastes de sa mâchoire. Des capteurs détectent les grincements et serrements et transmettent ces informations au patient au moyen de stimuli visuels ou sensoriels. L’objectif est que le patient « désaprenne » ce comportement.

D’autres solutions consistent à réduire le stress : relaxation, méditation, yoga…

Greffe gingivale et récession gingivale

Lorsque la récession gingivale est à l’origine de problèmes esthétiques et fonctionnels, ou lorsqu’elle provoque des sensibilités dentaires, il est alors possible d’intervenir chirurgicalement. Les techniques de greffe gingivale ont considérablement évolué et sont aujourd’hui très peu invasives. Les résultats sont très esthétiques, fiables et la douleur minime. L’objectif est d’épaissir une gencive trop fine ou de recouvrir une racine dénudée. Le greffon est le plus souvent prélevé dans le palais.

D’origine multifactorielle, la récession gingivale peut survenir à tout âge et atteindre une ou plusieurs dents. Cette anomalie anatomique nécessite une prise en charge précoce si l’on veut éviter un déchaussement des dents et une atteinte parodontale. Des traitements existent et doivent s’accompagner d’un suivi régulier chez votre chirurgien-dentiste.

Il est aussi possible de recréer le bombé de la dent usée par collage de composite, ce qui protègera la gencive et stabilisera son niveau. 

A lire également